« En tant qu’ingénieur avionique, j’ai vraiment l’impression d’être au cœur du processus »
Après avoir effectué ses premiers pas dans l’ingénierie en tant qu’étudiant à l’IPSA Paris, Edouard (IPSA promo 2020) travaille aujourd’hui à Toulouse, soit l’une des grandes places de l’aéronautique. Devenu ingénieur avionique auprès de la Direction Générale de L’Armement (DGA), cet Ancien revient sur son parcours, marqué par la passion pour l’aéronautique et les systèmes.
Qu’est-ce qui t’a poussé à vouloir devenir ingénieur ?
Edouard : Ma passion pour l’aéronautique ! J’ai commencé à piloter lorsque j’étais encore au collège et c’est ce qui m’a donné envie de me tourner vers les métiers en lien avec ce secteur, d’autant plus que j’aimais également tout ce qui touchait aux systèmes, pour comprendre totalement le fonctionnement d’un avion. Voilà comment, au fil de mes recherches, je suis tombé sur l’IPSA que j’ai décidé de rejoindre et que je me suis ensuite orienté vers les systèmes mécaniques durant le cursus.
Pourquoi avoir choisi l’IPSA justement ?
Il faut savoir que j’ai toujours eu besoin de travailler avec un exemple précis de métier en tête, un objectif concret à atteindre. Je voulais donc intégrer une école spécialisée afin de cultiver cet intérêt et, surtout, d’aller au plus loin. Or, à mes yeux, l’IPSA était l’école d’ingénieurs en aéronautique la plus spécialisée !
En parlant de spécialisation, comment se sont organisés tes choix durant le cursus ?
Sans surprise, j’ai commencé par prendre l’option Systèmes aérospatiaux en 3e année avant de sélectionner la Majeure Systèmes mécatroniques en 4e année puis le cursus Conception des systèmes aéronautiques – Commande systèmes aéroportés autonomes en 5e année. Pour autant, ces choix se sont faits naturellement au fur et à mesure. En entrant à l’école, on a tous plus ou moins une idée de métier ou de secteur vers lequel nous aimerions évoluer, mais la force de l’apprentissage est tout de même de nous permettre d’explorer différentes compétences et de découvrir différents métiers avant d‘enfin s’orienter vers un métier et un secteur bien précis.
Ainsi, en entrant à l’IPSA en 1re année, je souhaitais d’abord travailler sur les moteurs pour la simple et bonne raison que ce sont eux qui portent l’avion, ceux dont on se rend compte en premier. Puis j’ai découvert la programmation. Dès lors, je me suis retrouvé confronté à un dilemme : apprendre en priorité les formules en mécanique et me former seul à la programmation ensuite ou faire l’inverse, c’est-à-dire apprendre la programmation en sachant tout faire dans un sens pour éventuellement récupérer plus tard les formules mécaniques si jamais je souhaitais creuser plus dans ce domaine. La réponse est arrivée à force de découvrir d’autres éléments durant les cours : il fallait que je me spécialise dans le système car cela me semblait être – et c’est encore le cas aujourd’hui – un des domaines les plus importants dans un avion. C’est même dans ce secteur où, à mon sens, il va y avoir le plus de défis à relever dans le futur.
Essai tablette pour le CEAM (à gauche), essai pour des lunettes Eyetracker (à droite) © DGA Techniques aéronautiques
Aujourd’hui, tu es ingénieur pour la Direction Générale de L’Armement. Avais-tu déjà en tête de rejoindre le monde militaire à l’époque de tes études ?
Disons que j’ai toujours eu une certaine attirance pour l’institution militaire du fait de ma passion pour l’aéronautique. En effet, les avions militaires ayant la particularité d’être plus puissants que les avions civils et d’avoir même beaucoup plus de systèmes pour les missions qu’ils ont à réaliser, je ne pouvais que m’intéresser de près. Par contre, je dois bien avouer que je ne connaissais alors la DGA que de nom et ne savais pas exactement ce qu’elle faisait jusqu’à mon stage de fin d’études ! Pour autant, rejoindre la DGA a été le fruit d’une mûre réflexion. En effet, le monde militaire peut en rebuter certains, mais il offre également de belles opportunités de carrières. D’ailleurs, en tant qu’ingénieur, mon objectif n’est pas de m’enfermer dans des certitudes, mais plutôt de savoir rester ouvert aux opportunités.
Comment s’est passée ton intégration ?
Très simplement. Au bout de quelques mois de stage, la DGA m’a proposé de rester après l’obtention de mon diplôme. Entre-temps, pendant le confinement de 2020, j’avais pu conforter la confiance que mes responsables avaient placée en moi, en étant capable de m’adapter à la situation et de maintenir la qualité de mon travail malgré les conditions particulières que nous avons vécu. Il a fallu que je propose ma candidature à un poste à temps plein assez tôt afin de garantir ma place puisque les prises de décisions dans l’institution militaire prennent du temps. Au final, cela s’est fait naturellement et je suis ravi d’avoir pu transformer ce stage en emploi !
Essai SCORPION © DGA Techniques aéronautiques
En quoi consiste ton travail aujourd’hui ?
Mon travail s’articule autour de deux départements de la division Systèmes informatiques embarqués – sûreté de fonctionnement (SdF), avionique et SdF logiciels – et tourne majoritairement autour de la sureté de fonctionnement. J’interviens tout au long du « cycle en V » pour permettre aux architectes et chefs de programme de savoir si leurs systèmes sont sûrs pour l’aéronef, le pilote, les systèmes environnants et les personnes survolées. Nous travaillons ensemble sur différentes tâches, mais surtout sur des « critiques », c’est-à-dire des fonctions qui peuvent causer du tort à l’intégrité de l’avion et du pilote. Pour la partie relative aux essais avioniques, nous testons par exemple certaines choses en faisant passer une batterie de tests – climatiques, de vibrations, etc. – afin de vérifier les exigences suivant la plateforme où il va être équipé. Cela représente une grande variété de missions car nous intervenons beaucoup sur des étapes clés en fonction des besoins, pour soutenir et apporter une expertise sur le matériel qui va équiper les forces de l’Armée. D’ailleurs, il faut savoir que chaque Armée a une entité d’expertise qui lui est propre. Nous, par exemple, nous travaillons beaucoup avec le CEAM (Centre d’expertise aérienne militaire) à Mont-de-Marsan comme avec des ingénieurs produisant leurs systèmes de production à plus petite échelle pour l’Armée de l’Air et de l’Espace. Au fond, j’ai vraiment l’impression d’être au cœur du processus ! Je fais un travail de niche – nous sommes les seuls en France à réaliser ce type de missions – et j’ai la chance de travailler dans un milieu très porteur qui, encore aujourd’hui, a toujours besoin de main d’œuvres, d’expertises et de compétences !
Quelles connaissances et compétences acquises à l’IPSA te sont utiles au quotidien ?
Elles sont nombreuses, à commencer par les connaissances de bases en électronique ou en programmation. C’est aussi à l’IPSA que j’ai pu être introduit à la sûreté de fonctionnement avant d’approfondir ensuite cela à la DGA. Enfin, je n’oublie pas non plus les « soft skills » : apprendre à travailler en groupe à l’école m’a également formé pour mon travail actuel !
Branchements SCORPION © DGA
Selon toi, quelles sont les qualités primordiales pour faire carrière dans l’ingénierie militaire ?
Je pense qu’il faut être rigoureux et surtout arriver à bien comprendre l’entièreté d’un système et des programmes ainsi que l’intervention de chacun et de chaque système car, aujourd’hui, énormément de choses sont interconnectées. Mais tout cela n’est pas vraiment propre à l’ingénierie dans le monde militaire ! Selon moi, il n’y a pas de différence entre ce que j’ai pu voir dans l’institution militaire et lors de mes précédents stages dans le civil. En fait, dans la Défense, rien ne change mis à part certaines normes et sécurité à comprendre et accepter.
Et envisages-tu un jour de revenir dans le civil ?
Je ne suis fermé à aucune option car je ne sais pas encore de quoi demain sera fait ! Pour autant, travailler au sein de la DGA représente l’avantage de pouvoir facilement bouger et changer de branches sans avoir besoin de repasser des diplômes : tout se fait en interne et cette option est forcément intéressante. De plus, il y a un panel d’activités dingue ! Je compte donc bien explorer au maximum ce que la DGA a à m’offrir… en attendant de voir ce que l’avenir me réserve suivant les opportunités !