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International, entrepreneuriat, double diplôme, Airbus, recherche et lasers… Découvrez le parcours d’Aubin Donnot (IPSA promo 2020) !
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International, entrepreneuriat, double diplôme, Airbus, recherche et lasers… Découvrez le parcours d’Aubin Donnot (IPSA promo 2020) !

 

Se lancer dans des études d’ingénierie à l’IPSA, ce n’est pas qu’avoir la garantie de se plonger dans des problématiques passionnantes : c’est aussi se laisser la possibilité de parcourir différents univers et de multiplier les expériences. À la fois Optical Systems Engineer chez G&H Photonics en Angleterre et doctorant à l’University of Strathclyde (Écosse), Aubin Donnot (promo 2020) est justement un bon exemple de cette ouverture d’esprit partagée par bon nombre d’IPSAliens. De son entrée à l’école jusqu’à sa thèse actuelle menée outre-Manche en passant par son expérience de l’entrepreneuriat et son appétence pour l’optique, cet Ancien retrace une trajectoire aussi lumineuse qu’atypique.

 

Aubin Donnot (IPSA promo 2020) dans un laboratoire, travaillant sur l'alignement d’un system optique haute puissance / Crédit : G&H

Aubin dans un laboratoire, travaillant sur l’alignement d’un système optique haute puissance / Crédit : G&H

 

Qu’est-ce qui t’a amené à rejoindre l’IPSA ?

Aubin Donnot : À 10 ans déjà, je voulais devenir ingénieur aéronautique. Je ne saurais en expliquer la raison si ce n’est que mon père était assez bricoleur et que, petit, j’aimais bien toucher à tout. Pour moi, un ingénieur, c’était quelqu’un capable de créer quelque chose par lui-même, avec une certaine philosophie, pouvant résoudre des problèmes et travailler avec d’autres personnes en équipe. Tout cela m’attirait. Quant à l’aéronautique, c’est simple : quel enfant n’a jamais rêvé en regardant un avion dans le ciel, la lune ou les étoiles ? C’est un univers qui m’a toujours fasciné et auquel je voulais absolument participer, d’autant que la France avait de la chance d’avoir une industrie assez solide en la matière. De ce fait, après le bac et mon installation en région parisienne, j’ai commencé à regarder les écoles d’ingénieurs présentes dans les environs. Rapidement, l’IPSA semblait offrir tout ce que je recherchais. J’y ai fait une JDMI puis une JPO avant de passer le Concours Advance. C’était un choix naturel.

 

Quels cours t’ont particulièrement marqué durant le cursus ?

En tant qu’étudiant de la Majeure Espace, lanceurs et satellite, beaucoup de cours m’ont marqué ! Toutefois, je dois dire que mes premiers cours de physique – et en particulier celui sur la physique des particules – m’ont particulièrement intéressé et même, après coup, permis d’acquérir une plus grande ouverture d’esprit ! Mais je citerai aussi tous les cours sur l’aéronautique et le spatial, celui sur les calculs des trajectoires… Je me souviens également d’un projet marquant sur les méthodes des éléments finis d’un bouclier thermique d’une sonde qui rentrait sur Titan (le plus grand satellite naturel de Saturne), qui nous demandait de créer la simulation par nous-mêmes. Il y avait plein de petits projets comme ça nous permettant d’appliquer des connaissances théoriques d’une manière assez complète. Cette façon de faire m’a beaucoup plu. Un autre moment fort – et déterminant – a été le semestre à l’international de 4e année. J’ai ainsi eu la chance de partir à Taïwan pour étudier à la National Taipei University of Technology (NTUT). Une expérience superbe. J’ai grandement apprécié l’autonomie qui nous a été donnée, avec la découverte d’une autre culture, d’une nouvelle manière d’appendre… J’ai aussi énormément voyagé sur place et rencontré beaucoup d’autres étudiants – les amis que je me suis fait durant ce semestre le sont encore aujourd’hui. D’ailleurs, il m’arrive encore régulièrement de reparler de ces quelques mois passés là-bas !

 

 

Cette expérience à l’étranger a été un vrai déclencheur, non ? Peu de temps après, tu partais en Angleterre pour une année de césure…

On peut le voir comme ça. Pour moi, le retour à Paris, à « la vie d’avant », a été un peu difficile à appréhender. J’ai d’abord réalisé mon stage de 4e année au Laboratoire des Systèmes Aériens Autonomes (LS2A), un laboratoire de l’IPSA où, pendant trois mois, j’ai codé un programme de stabilisation pour drones en vol, puis j’ai décidé de faire une année de césure, pour travailler chez Airbus, à Bristol, dans la division Central Research & Technology.

 

Ce stage au LS2A démontrait-il une envie d’évoluer en laboratoire ?

Ce n’est pas tant le fait de travailler dans un laboratoire qui m’attirait, mais bien la recherche et tout ce qu’elle impliquait, à savoir l’autonomie, le fait de trouver ses propres problèmes et de les résoudre soi-même… Avec la recherche, chaque jour est différent et c’est vraiment ce que j’apprécie.

 

Te voilà alors à Bristol, chez Airbus. Quel a été ton rôle durant cette année ?

Airbus dispose d’une division de recherche centrale qui étudie les futures technologies qui pourraient être utiles pour leurs différentes divisions. À Bristol, par exemple, un site historique (production des Concordes pour British Airways) spécialisé dans le design d’ailes d’avion, mon équipe travaillait sur la télécommunication laser entre avions, soit l’échange de données d’un avion à l’autre en vol via l’utilisation de lasers et au lieu d’ondes radio. Les six premiers mois, je touchais un peu à tout, en mettant notamment en place les éléments pour les chercheurs et en faisant beaucoup de computer aided design (conception assistée par ordinateur ou CAO en français). Je me concentrais surtout sur l’architecture et la structure du module, en pensant au système permettant de placer tous les éléments et de fixer l’électronique, l’optique et le système mécanique de pointage. À la fin, je m’étais plus spécialisé sur le CPA – « Coarse Pointing Assembly » –, un système à miroirs capable de pointer le rayon laser au bon endroit. Durant cette année, j’ai aussi pu faire pilote de drone pour des essais en vol – une expérience très sympa – et également coder un système de suivi du soleil afin d’éviter que les miroirs pointent vers lui, ce qui risquait d’endommager les détecteurs. Des missions très intéressantes et variées !

 

C’est à Airbus que tu as commencé à vouloir effectuer un double diplôme ?

En fait, à cette période, je ne me sentais pas forcément de revenir en France pour seulement faire quelques mois à l’école avant de réaliser mon stage de fin d’études. Je me suis alors mis en tête de passer un double diplôme dans l’optique en partenariat avec l’IPSA, à la suite de mon passage chez Airbus. Par chance, la Heriot-Watt University d’Edinbourg en proposait justement un intitulé « Photonics and Optoelectronic Devices » en partenariat avec l’University of St Andrews. Je suis alors passé des cours d’ingénierie système donnés à l’IPSA à des cours de pure physique et de pure optique, deux domaines dans lesquels j’avais certes quelques bases, mais pour lesquels je n’étais pas du tout spécialisé.

 

 

Au même moment, en parallèle de tes débuts à la Heriot-Watt University, tu montes ta propre entreprise, Albert Aerospace. Pour quelle raison ?

À vrai dire, je n’ai jamais pensé à l’entrepreneuriat jusqu’à ce que l’opportunité se présente à moi et qu’Airbus me propose de poursuivre le projet sur lequel je travaillais chez eux. J’ai tout de suite accepté même s’il allait me falloir trouver le temps pour mener de front mes études et cette mission. Je passais alors mes journées à travailler mes nouveaux cours et, le soir, je faisais de la CAD en tant que sous-traitant d’Airbus. Certes, les journées étaient très longues, mais cette expérience a été très enrichissante. Cela m’a permis d’apprendre à gérer une entreprise, des contrats, un client, l’aspect financier comme le management – au final, j’étais mon propre manager sur ce projet. Et comme j’habitais à plus de 800 kilomètres de Bristol et que je ne pouvais pas me permettre de me déplacer pour rien, il fallait absolument réussir à tout gérer, tout optimiser. Par exemple, je procédais à l’achat de matériel pour faire mes propres prototypes chez moi, avec mon imprimante 3D, depuis ma chambre d’étudiant à l’université. Le soir, je réalisais mon design, lançais l’impression et, le lendemain matin, j’avais ma pièce entre les mains pour regarder ce qui allait et ce qui fallait changer avant d’enchaîner avec les cours.

 

 

À quel moment, avec ces journées bien remplies, te décides-tu à puiser dans tes nouvelles connaissances pour te lancer dans une thèse ?

C’est venu lors de mes cours à Saint-Andrews. Il se trouve que certains de ces cours étaient en commun avec un programme nommé « Doctorat en ingénierie, Eng.D ». C’est une sorte d’équivalent à notre thèse CIFRE (Convention Industrielle de Formation par la Recherche) en France, qui se fait non pas en trois mais en quatre ans, avec une année à l’université avec des cours scientifiques – en physique, en optique, en laser… –, mais aussi des cours de finance, de management de projets, de gestion… Les étudiants de ce programme présentent tous leur thèse au sein d’une entreprise : pour résumer, c’est du 50 % thèse / 50 % employé et vous faites la jonction entre les deux. Et c’est en échangeant avec des étudiants de Saint-Andrews suivant le programme que j’ai eu l’envie de m’y intéresser. Je me suis rendu sur le site dédié et suis tombé sur un projet demandant de créer des lasers pour satellites avec G&H Photonics, une entreprise dont j’avais déjà entendu parler, en lien cette fois avec l’University of Strathclyde située à Glasgow. J’ai logiquement postulé et j’ai été pris. Pour moi, cela s’inscrivait dans la continuité de mon parcours, avec un projet lié à l’espace et à l’optique.

 

Où en es-tu aujourd’hui ?

Aujourd’hui encore, je poursuis ma thèse. Depuis un an, je travaille à Torquay chez G&H, dans le sud-ouest de l’Angleterre, et il me reste encore deux années à réaliser. G&H est un groupe 100 % spécialisé dans l’optique et principalement basé au Royaume-Uni et aux États-Unis. Il fabrique des éléments pour fibre optique, des lentilles, des lasers… Moi, je travaille dans la partie R&D de systèmes optiques, où je construis des systèmes de télécommunications laser pour satellites (voici ici et deux exemples de projets sur lesquels travaille Aubin). G&H est connu dans le secteur de l’aérospatiale et de la défense, mais pas seulement : on le retrouve également dans la santé et notamment dans l’imagerie biomédicale et la microscopie. Enfin, G&H travaille aussi dans le secteur des télécommunications sous-marines, en fabriquant notamment des éléments de haute fiabilité pour les câbles sous-marins d’Internet.

 

Module OFA durant ‘vibration qualification testing‘ / Crédit : G&H

Module OFA durant ‘vibration qualification testing‘ / Crédit : G&H

 

Penses-tu déjà à la suite de ta carrière ?

Quand on commence une thèse, les six premiers mois, on pense à la suite, mais rapidement, on comprend que ce n’est pas comme cela que ça se passe ! Une thèse accapare 100 % de votre temps tant qu’elle n’est pas terminée et validée. Toutefois, plus tard, je me vois continuer dans l’optique. C’est aussi un domaine d’avenir, ne serait-ce qu’avec les projets de constellations de satellites comme Starlink de SpaceX, OneWeb ou Kuiper d’Amazon qui envisagent (ou utilisent déjà) des systèmes de communication par laser ! Par chance, c’est aussi le sujet de ma thèse. Il y a un futur autour de ce sujet et j’ai vraiment envie de m’investir pleinement là-dedans.

 

Ce futur s’écrira-t-il aussi à l’étranger ?

J’ai tendance à dire que je ne suis pas fixé sur un pays. Mon avenir peut s’écrire au Royaume-Uni ou ailleurs, y compris en France. En fait, je n’ai aucun préjugé : j’irais simplement là où la qualité de vie et les projets seront intéressants !

 

Analyse de température via MEF d’un OFA (Optical Fibre Amplifier) pour satellite / Crédit : G&H

Analyse de température via MEF d’un OFA (Optical Fibre Amplifier) pour satellite / Crédit : G&H

 

Et l’entrepreneuriat dans tout ça ?

Même si, pour le moment, Albert Aerospace est en pause, l’entrepreneuriat reste quelque chose qui me tient à cœur, oui. Le seul problème est que, pour se lancer, il faut d’abord de l’expérience. Il va donc me falloir encore 5-10 ans après ma thèse pour obtenir suffisamment de contacts, d’expérience et de capitaux afin de repartir à l’aventure. Mais cela reste une possibilité !

 

Enfin, quel conseil donnerais-tu aux nouvelles générations d’IPSAliens ?

Croyez en vos rêves et soyez ouverts d’esprit et ne craignez pas d’essayer ! À mon arrivée à l’IPSA, je n’aurais jamais cru pouvoir arriver là où j’en suis aujourd’hui : cela m’a appris que, dans la vie, il faut toujours essayer. Même si pendant deux ans, je me suis retrouvé bloqué loin de ma famille et de mes amis à cause de la pandémie, je ne regrette pas d’avoir fait ce choix et d’avoir tenté ma chance à l’étranger ! Il ne faut pas avoir peur des différentes cultures car on finit toujours par s’y adapter.