Organisé par l’équipe iGEM IONIS, The European Experience 2016 a réuni des étudiants de toute l’Europe
Lancée il y a quelques mois, l’idée de base de The European Experience semblait audacieuse : réunir à Paris le temps d’un week-end la majorité des équipes européennes inscrites à l’édition 2016 de l’International Genetically Engineered Machine competition (iGEM), la plus célèbre des compétitions de biologie synthétique. Et pourtant, l’équipe iGEM IONIS à l’origine de cette idée, a réussi leur pari ! Organisé avec l’aide de l’équipe iGEM Évry les 2 et 3 juillet au Campus numérique et créatif Paris Centre – IONIS Education Group, cet événement a ainsi permis à une trentaine d’équipes venues de 11 pays différents de se retrouver dans la bonne humeur pour partager leurs connaissances, rencontrer des experts de la biologie de synthèse, assister à des conférences passionnantes et faire la fête à la tombée de la nuit. Quant au grand public et aux professionnels présents, ils ont pu découvrir en avant-première les différents projets européens innovants qui seront présentés au MIT pour la finale de l’iGEM en octobre !
Le Campus numérique & créatif Paris Centre avait des airs de congrès scientifique estudiantin ce samedi 2 juillet. Et pour cause : plus de 200 étudiants venus de toute l’Europe s’y étaient donné rendez-vous. « Nous sommes venus pour rencontrer les autres équipes, assister aux conférences et se faire plaisir ! », lance Saylee Jangam, membre de l’équipe iGEM de l’University of Sheffield. « C’est une super idée et un bon moyen de découvrir les projets sur lesquels travaillent les autres étudiants, mais aussi la façon dont ils s’organisent, poursuit-elle. Cela ne peut que nous donner des idées pour notre projet qui consiste à développer un dispositif permettant d’influer sur la résistance aux antibiotiques. » Un avis partagé par Madeleine Premm, membre de l’équipe LMU-TUM_Munich qui regroupe des étudiants de la Ludwig-Maximilians-Universität et de la Technische Universität München : « L’événement est top et multiculturel : on croise vraiment des gens de différents horizons ! Tout le monde est très avenant et chacun peut poser des questions ou présenter son propre projet, son parcours, ses études, etc. Chaque discussion est intéressante. L’événement permet aussi de souder encore davantage notre équipe et représente également un bon entraînement pour la finale d’octobre : on peut pratiquer notre anglais et s’habituer à décrire notre projet. Notre but est de développer une nouvelle approche en matière de bioprinting 3D. »
La cérémonie d’ouverture avec Paul Indelicato, directeur adjoint du cabinet de Thierry Mandon, secrétaire d’Etat chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
De gauche à droite : Andrew Tolonen (Research Scientist & Research Profressor at GENOSCOPE), Heloïse Muller (Research Scientist at Institut Pasteur), Christophe Genisset (Biology project leader at General Secretary of the Defense and the National Security), Alexei Grinbaum (Research scientist at CEA) et François Képès (Research director at CNRS & Director of iSSB).
Le travail de la team iGEM IONIS récompensé
Il n’y avait pas que des étudiants lors de The European Experience : des professionnels étaient aussi venus en nombre, pour animer une conférence ou simplement se confronter aux idées innovantes portées par la jeunesse européenne. Conférencier lors de l’événement pour parler des risques et défis de la biologie de synthèse, François Képès, directeur de recherche à l’Institute of Systems and Synthetic Biology (iSSB) et au Genopole, n’a pas hésité une seule seconde à prendre part à cette belle aventure. « Il faut encourager toute initiative permettant de rapprocher les gens, les communautés et même les nations, assure-t-il. J’ai moi-même été le team leader de la toute première équipe française à avoir participé à l’iGEM (en 2007) et j’encourage chaque année la nouvelle équipe iGEM Évry qui, depuis 2012, prend part à la compétition. J’ai toujours suivi l’iGEM car je la vois comme une initiative permettant de promouvoir chez les étudiants un esprit d’indépendance, d’autonomie et de fierté dans ce qu’ils font, ce qui est primordial selon moi. D’ailleurs, ce n’est pas par hasard si des projets industriels sont nés avec ce genre de compétition. » Plusieurs représentants des écoles du Groupe IONIS étaient également présents pour découvrir les nombreux projets ambitieux et encourager cette équipe iGEM IONIS à l’origine de l’événement et composée d’étudiants de l’EPITA, de l’IPSA, d’Epitech, de Sup’Biotech, d’e-artsup et de Ionis-STM. « Dès le départ, j’ai soutenu l’initiative de The European Experience, explique ainsi Vanessa Proux, directrice générale de Sup’Biotech. J’avais dit aux membres de l’équipe de foncer et de tout faire pour arriver à mettre en place cet événement, ne serait-ce que pour valoriser cette expérience par la suite. Et quand je vois le résultat, je suis fière d’eux et de l’émulation autour de l’iGEM qu’ils ont su susciter. Les équipes iGEM IONIS et iGEM Évry ont vraiment accompli un superbe travail. Je les félicite et leur souhaite beaucoup de succès pour la suite ! »
De gauche à droite : Michael Krel (CEO EnobraQ), Philippe Jais (Chief Executive & Scientific Officer at EUKARŸS), Cyrille Pauthenier (President of Abolis) et Gilles Defrel (R&D internship at Glowee).
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« L’iGEM, c’est avant tout des valeurs »
Parmi les nombreuses personnes présentes à The European Experience se trouvait Randy Rettberg. En effet, le fondateur et président de l’iGEM avait fait le déplacement depuis les États-Unis pour encourager cette initiative et les différentes formations ayant choisi d’y participer. L’occasion de poser quelques questions à celui qui, depuis le lancement de cette compétition internationale en 2003, permet d’année en année à de plus en plus de jeunes passionnés de monter des projets ambitieux.
Que pensez-vous de l’événement ?
De mémoire, je crois que c’est le premier rassemblement iGEM organisé directement depuis Facebook et je trouve ça particulièrement intéressant, dans le sens où cela permet aux différentes équipes de se connecter entre elles. Le seul désavantage est qu’il n’est donc pas accessible aux participants de l’iGEM qui ne sont pas sur ce réseau social, comme les étudiants Chinois qui utilisent QQ plutôt que Facebook. Quoi qu’il en soit, j’aime toujours ce genre d’événement, ces « meet-ups » où se rejoignent les équipes. Chaque année, plusieurs dizaines de rencontres sont ainsi organisées par les participants, pour les participants, avant la grande finale.
Le nombre de participants à l’iGEM augmente d’année en année. Que pensez-vous de cette évolution ?
Pour moi, l’objectif n’est pas d’avoir toujours plus d’équipes en lice, même si cette hausse peut naturellement être perçue comme positive. Je pense que la principale question à se poser porte sur la qualité du travail réalisé par les équipes, la qualité des échéances entre ces dernières et, plus globalement, la qualité de l’expérience iGEM. L’iGEM n’est réussi que si les étudiants impliqués arrivent à acquérir de nouvelles connaissances et à développer le défi qu’ils se sont lancé. Si l’aventure est fun et que le travail accompli est important, la récompense n’en est que plus belle. Du coup, peu importe le nombre d’équipes : notre but est avant tout de rendre possible cet épanouissement. Pour autant, il est vrai que la compétition attire de plus en plus de monde. Depuis sa création, près de 30 000 personnes sont ainsi déjà passées par l’iGEM. Ça en fait du monde ! Et si la majorité des participants des trois dernières éditions sont encore étudiants à l’heure actuelle, les participants des éditions 2010 ou 2011 travaillent aujourd’hui en tant que professeurs, responsables de laboratoires, directeurs d’instituts, etc. C’est ce que j’aime avec l’iGEM, le fait que maintenant, les anciens participants continuent de répandre ces valeurs. Quand on regarde l’IGEM de plus près, on se rend bien compte que ce n’est pas simplement une « Science Fair » : il y a du travail d’équipe, de la coopération, des projets de recherche responsable, etc. Du coup, les participants, une fois diplômés, deviennent de vraies forces de proposition, des moteurs pour la société et créent même parfois leur propre entreprise. Le meilleur exemple, c’est celui de Ginkgo Bioworks, l’une des plus grandes entreprises de biotechnologies qui vient de réaliser une levée de fonds de 100 millions de dollars : elle est née avec l’iGEM. (le co-fondateur de Ginkgo Bioworks, Jason Kelly, a participé à la toute première édition du concours).