Un IPSAlien sur les traces de Saint-Exupéry : Adjmal Allymun (IPSA promo 2013) termine 3e du Rallye aérien Toulouse Saint Louis
Ingénieur opérations aériennes chez Sagem au sein du Groupe Safran, Adjmal Allymun (IPSA promo 2013) s’est vu offrir la possibilité de participer au mythique Rallye aérien Toulouse Saint Louis après avoir remporté le HOP ! Tour des Jeunes Pilotes (HTJP) l’an dernier. C’est ce qu’il a pu faire du 26 septembre au 9 octobre à l’occasion de l’édition 2015 de ce rendez-vous de passionnés. L’IPSAlien en revient avec une belle troisième place au classement général, pas mal d’heures de vol au compteur mais surtout des souvenirs plein la tête.
Adjmal (à droite) et son binôme
Pour participer au Rallye, il faut au moins être deux dans l’équipe. Qui t’a accompagné ?
J’ai choisi Alexandre Vantours, une jeune pilote de 19 ans originaire de la région de Bordeaux qui avait fini 4e sur le HTJP 2014.
Quelle a été ta préparation en amont ?
J’ai fait pas mal de vols d’entraînement avec l’avion que j’allais utiliser, le Diamond DA40, une machine assez récente qui possède des instruments modernes, tels que des écrans électroniques. J’ai donc fait une dizaine d’heures à bord, avec un instructeur pour me familiariser avec les instruments, mais aussi avec mon binôme pour voir comment on allait pouvoir interagir en vol.
Quel a été le parcours que vous avez effectué lors du Rallye ?
Le parcours suit le trajet historique de l’Aéropostale, même si certains aéroports différaient. Alicante était la première étape, puis Tanger, Essaouira, Cap Juby/Tarfaya, Dakhla et enfin Saint Louis en passant par des écales techniques pour le ravitaillement. Enfin, cette année, nous avons également prolongé le Rallye jusqu’à Dakar. Pour le vol retour, ce n’était pas forcément les mêmes aéroports qu’à l’aller. On est ainsi passé par Tan Tan, Agadir et Fès pour l’Afrique. Pour l’Espagne, on devait normalement revenir par la côte, en passant par Barcelone, mais en raison des conditions météorologiques, on a préféré passer par l’Ouest de Madrid, avec une escale à Valladolid pour éviter les orages.
À Cap Juby, tu as pu rencontrer des enfants et leur parler de l’IPSA, non ?
Effectivement. Pour la petite histoire, c’est à Cap Juby qu’Antoine de Saint-Exupéry a été basé durant un an et demi, dans un fort espagnol. Du coup, les habitants du village de Tarfaya connaissent bien son histoire et il y a même un musée à son nom. Cette étape-là du Rallye est mythique car tout est resté comme à l’époque du célèbre aviateur : la piste d’atterrissage n’est pas bétonnée mais toujours en sable. Du coup, quand nous avons atterri, tous les jeunes du village étaient là pour nous accueillir. J’en ai alors profité pour leur remettre des stylos aux couleurs de l’IPSA et les quelques brochures que la communication de l’école m’avait donnés pour l’occasion. Peut-être que, parmi eux, il y aura de futurs ingénieurs de l’école !
La distribution de stylo IPSA a eu beaucoup de succès
Le fait de survoler autant de pays différents, est-ce que c’était nouveau pour toi ?
C’était la première fois que je volais en dehors de France depuis l’obtention de mon brevet de pilote. Quand on est formé aux procédures françaises, qui sont très carrées et à avoir des cartes aéronautiques très bien détaillées, on doit forcément s’adapter lorsqu’en Mauritanie, au Maroc ou au Sénégal, on se retrouve avec des cartes pas aussi abouties, des procédures moins clairement définies et des contrôleurs parfois moins réactifs.
Parcourir autant de pays, cela signifie aussi découvrir de nombreux paysages à couper le souffle. Lesquels t’ont le plus marqué ?
Dès qu’on traverse les Pyrénées, tout change complétement ! Si, en Espagne, les paysages sont assez impressionnants, les plus beaux restent ceux du Maroc et notamment toute la partie du Sahara occidental où, même si on y découvre des falaises au bord de mer par moments, on y admire surtout le désert. Sur le trajet du Rallye, on voit donc vraiment de tout, d’une chaîne montagneuse aux zones touristiques espagnoles en passant par les petits reliefs marocains –des petites vallées, des montagnes pas très hautes – et enfin le désert, très plat, avec d’immenses plaines où il n’y a rien hormis du sable à perte de vue…
La fameuse piste de Cap Juby
À l’issu du Rallye, Alexandre et toi avez terminé sur la troisième marche du podium. Comment avez-vous réalisé cette performance ?
En fait, tout le long du Rallye, les équipes doivent accomplir un certain nombre d’épreuves. Il y avait des épreuves théoriques (des QCM sur l’histoire de l’aéronautique), sur la consommation de carburant (il fallait estimer combien nous allions consommer), de précision à l’atterrissage (on doit toucher un point précis), de repérage photo (au départ des étapes, on se voyait donner des photos et on devait ensuite replacer sur la carte l’endroit où elles ont été prises) ou encore de visualisation (deux flèches étaient placées au sol dans un aéroport survolé et, avec un seul passage, on devait donner plusieurs valeurs liées : leur orientation magnétique par rapport au Nord, l’angle et la distance entre les deux flèches, etc.). C’est grâce à elles qu’on a pu atteindre la 3e place.
La vitesse n’était donc pas prise en compte ?
Non, pas du tout car les 19 équipages en lice n’avaient pas forcément le même avion et donc la même puissance, certains volant à 130 nœuds, d’autres à 100.
Un trophée de plus pour Adjmal
Quel était votre mode de fonctionnement à Alexandre et toi ?
Le Rallye est très éprouvant : on vole entre trois et quatre heures par jour, ce qui représente bien une bonne cinquantaine d’heures de vol en douze jours ! À titre de comparaison, un pilote professionnel vole entre 70 et 80 heures par mois. Sauf que pour nous, le confort n’est pas le même : on n’est pas dans un avion de ligne, ni dans les mêmes conditions. Il a donc fallu bien s’y préparer à l’avance, savoir qui devait faire quoi. Du coup, nous alternions chaque jour la fonction de commandant de bord et avions bien fixé ce que devait faire l’autre en parallèle. Ainsi, quand le commandant de bord gérait le pilotage et la bonne tenue de l’avion, le copilote gérait la radio, la navigation et s’occupait des épreuves de visualisation, par exemple.
Comment teniez-vous le coup avec un rythme aussi dense ?
Avant de partir, on se dit que ça ira mais c’est beaucoup plus difficile une fois qu’on est dedans ! Il y a la chaleur, le soleil qui tape très fort… On se déshydrate donc très vite, surtout quand on arrive du côté de la Mauritanie où la température monte à 45°. Heureusement, l’organisation nous donnait des bouteilles d’eau chaque matin. Il faut bien boire toute la journée et en vol pour tenir…, ce qui n’empêche pas tous les équipages d’être crevés à la fin de chaque étape !
Le duo devant l’Hôtel de la Poste de Saint Louis
Est-ce que ce périple a également été l’occasion pour toi de faire de belles rencontres ?
J’ai bien sympathisé avec les autres équipages. Ce qui est sympa avec ce Rallye, c’est que tous les participants sont de vrais passionnés : on retrouve des pilotes professionnels, des retraités de l’aéronautique ou des personnes pour qui l’aviation est un loisir.
Comptes-tu participer à nouveau ?
C’était une très belle aventure. La vivre une première fois était exceptionnel et, même si refaire le Rallye fait perdre tout l’aspect découverte, ça me tente d’y participer à nouveau une ou deux fois. Par contre, peut-être pas l’année prochaine ou dans deux ans car cela demande du temps et de l’argent !
L’itinéraire aller-retour du duo
Les côtes du Maroc
D’un côté le Sahara, de l’autre la mer
Gibraltar
Les Pyrénées
Saint Louis
Survol du Maroc