Conférence « Femmes de l’Air » : l’IPSA et ses invités à la chasse aux stéréotypes !
Après une conférence sur les stéréotypes liés au genre et une exposition à la place des femmes chez Airbus en marge de la Journée de la Femme en 2014, l’IPSA organisait à nouveau un événement revenant sur le rôle joué par les représentantes du beau sexe dans le domaine de l’aéronautique. En plus d’une exposition sur le pilotage au féminin mise en place lors de la Semaine du Vol, l’école accueillait ainsi plusieurs « femmes de l’air » pour une conférence spéciale le 4 mars 2015.
Nombreux étaient les IPSAliens et IPSAliennes à avoir voulu être présents ce mercredi pour écouter Cécile Schlagdenhauffen (IPSA promo 2013), Aircraft Engineering Consultant à Altran et détachée actuellement chez Airbus Helicopters, Clémence Surjous (IPSA promo 2012), ingénieure méthode au sein de l’Organisme pour la Sécurité de l’Aviation Civile (OSAC) et Isabelle Guillard, commandant de bord de Boeing 777. Réunies autour de Marie-Sophie Pawlak, présidente de l’association Elles bougent, ces trois professionnelles venues partager leurs expériences sont la preuve formelle que les femmes peuvent aussi rêver d’air et d’espace et réussir.
Encore trop peu d’ingénieures en France
Pour autant, les femmes sont encore loin d’être légion dans les métiers de l’ingénierie comme dans les cabines de pilotage. « Alors que les classes de Terminales S respectent en générale la parité, il y a un vrai déficit d’ingénieures en France dans les écoles, notamment dans les écoles de sciences dures où on retrouve seulement entre 10 et 15 % d’étudiantes, rappelait Marie-Sophie Pawlak dont l’association se bat justement pour changer la donne. Ingénieure de formation, j’ai passé 15 ans dans l’industrie automobile avant de me tourner vers l’enseignement supérieur. J’ai ensuite fondé Elles bougent en 2005 pour répondre aux attendes des industriels qui souhaitaient féminiser leurs équipes, en particulier leurs équipes techniques. Pas pour une question de quotas, mais parce qu’il s’agit d’une vraie prise de conscience de l’intérêt d’avoir une diversité, une complémentarité de profils ! Elles bougent fait ainsi la promotion des métiers scientifiques et techniques auprès des femmes et surtout des lycéennes en amont, pour casser des stéréotypes. » Un avis partagé par Stéphane Roberdet, directeur de la formation et directeur du site d’Ivry-sur-Seine. « L’IPSA s’intéresse de très près à ces questions : l’école est d’ailleurs associée à Elles bougent depuis 2012, s’adressait-il aux étudiants en préambule. Il n’y a que vous qui puissiez promouvoir cela et faire du lobbying pour changer les choses afin d’espérer avoir, pourquoi pas, 50 % de femmes ingénieures en France, qui plus est dans l’aéronautique. »
Stéphane Roberdet devant les étudiants
Marie-Sophie Pawlak
« Une femme dans un cockpit reste une situation extraordinaire »
Après la dénonciation des stéréotypes venait le temps des témoignages. C’est Clémence Surjous qui ouvrait le bal. Tombée très vite dans la passion de l’aéronautique grâce à des membres de sa famille travaillant dans ce domaine, l’ingénieure de l’OSAC expliquait en quoi être une femme pouvait également s’avérer une force… Bien que, au moment de la fin d’un de ses stages, on lui rappelait que son départ aller enfin pouvoir permettre aux « mécanos » de se reconcentrer. « Je n’ai pas vraiment eu de difficultés mais cela demande de faire un peu plus ses preuves au début », confiait-elle. Un avis partagé par Isabelle Guillard. Pilote de ligne Air France présente à l’IPSA « pour montrer que oui, il y a des filles commandants de bord et que ça vaut le coup de tenter de faire ce métier-là », l’intervenante avait, elle aussi, dû se retrousser les manches. « C’est sûr qu’avoir une femme dans un cockpit reste une situation extraordinaire : à Air France, nous ne sommes que 7 % aujourd’hui et seulement 2 % à mes débuts il y a 27 ans ! Même si je n’ai pas senti de préjugés contre moi, on est plus observé parce que, justement, les gens se demandent s’il y a une différence ou non. »
Clémence Surjous
Isabelle Guillard
La situation change aussi en Allemagne
La conférence se terminait ensuite par l’intervention de Cécile Schlagdenhauffen. Selon cette ingénieure travaillant aujourd’hui en Allemagne, les remarques, teintées d’humour ou non, que seront amenées à peut-être entendre les futures ingénieures doivent servir de « coup de boost ». « À la fin de mon stage d’IUT, avant de rejoindre l’IPSA, mon tuteur m’a dit pour rigoler « Tu ne vas quand même pas devenir ma chef ». Même si c’est de l’humour, ce genre de phrases est une force ! En Allemagne, il y a aussi eu des soucis pour les femmes par le passé mais ça devient de mieux en mieux : le triple K « Kinder, Küche, Kirche » (enfants, cuisine et église), ce n’est plus forcément d’actualité et les esprits s’ouvrent de plus en plus. Ma chef est engagée par exemple dans le mentoring au niveau d’Altran où la place de la femme est davantage mise en avant dans les domaines techniques et d’ingénierie. Alors, même s’il faut toujours essayer de vous battre, pensez que ce n’est pas forcément un combat de boxe : il faut vouloir faire un peu plus pour montrer de quoi on est capable. On ne va pas vous donner tout de suite les mêmes responsabilités qu’un homme mais ne lâchez rien ! »
Cécile Schlagdenhauffen