« 25 ans, c’est l’âge où on est le plus fort, le plus confiant pour monter son entreprise » Jean-François Bénesse (IPSA promo 1983), fondateur de Savane Consulting
Le 12 mars 2015, Jean-François Bénesse (IPSA promo 1983), fondateur de Savane Consulting, une société de conseil et de services du numérique qui emploie près de 70 personnes, revenait à l’IPSA pour discuter avec les étudiants de la création d’entreprises dans le cadre de la conférence « Salarié ou Entrepreneur ? ».
Qu’est-ce que ça fait de revenir à l’IPSA plus de 20 ans après l’avoir quittée ?
Déjà, les locaux ont changé ! C’est quelque chose de nouveau pour moi. Quand j’étais étudiant à l’IPSA, nous étions dans de vieux locaux à Paris, l’ambiance n’était pas la même qu’à Ivry-sur-Seine où se trouve l’école aujourd’hui. Nos locaux étaient plus petits, les moyens aussi…
Après, le fait de revenir et voir des jeunes étudiants qui ont l’âge de mon fils, je trouve ça très sympa. D’ailleurs, je pense que c’est pas mal de garder contact avec les Anciens : dans ma carrière, je me suis justement beaucoup appuyé sur des gens plus vieux qui m’ont aidé. Le fait que plusieurs générations d’IPSAliens restent en contact, c’est très positif. Je suis donc très content d’avoir pu revenir dans le cadre de cette conférence.
Justement, lors de cette conférence, vous avez parlé avec les étudiants d’entrepreneuriat, un sujet auquel on ne pense pas forcément lorsqu’on mentionne les ingénieurs formés par l’école. Pour vous, sortir de l’IPSA et être entrepreneur, c’est donc compatible ?
Complétement. Je pense que l’IPSA m’a permis justement d’acquérir un certain niveau pour pouvoir accomplir plein de choses. Une école d’ingénieurs vous donne de la maturité : vous savez écrire, calculer, raisonner, etc. Moi, par exemple, quand j’ai quitté l’école, je me suis tout de suite lancé dans le métier d’ingénieur commercial dans l’informatique. En fait, il y a deux profils d’étudiants qui vont en sortir : ceux qui vont coller aux métiers de l’école et ceux vont se diriger ailleurs, comme dans le numérique. Ce que je leur ai dit durant la conférence, c’est que, pour ma génération, nous étions tous salariés : on faisait carrière dans une entreprise. Aujourd’hui, ce n’est pas pareil : les étudiants qui sortent de l’IPSA veulent peut-être autre chose. Ils peuvent se dire que l’entrepreneuriat est un moyen de se libérer de ce carcan des grandes sociétés qui font moins rêver. Quand on a 20 ans aujourd’hui, l’entrepreneuriat peut faire rêver. Si j’étais à leur place aujourd’hui, ce sont davantage des Steve Jobs, des Mark Zuckerberg ou des Billes Gates qui me feraient rêver.
Conseillez-vous aux diplômés de goûter d’abord au monde professionnel avant de tenter l’aventure de l’entrepreneuriat ?
Ils le peuvent mais il y a un risque, tout du moins en France. Quand un étudiant de 5e année quitte l’école et rentre dans une grande société, il peut très vite se retrouver « enfermé » dans une catégorie. Par exemple, si vous quittez l’IPSA et devenez ingénieur de bureau d’études dans un grand groupe pour faire de la CAO ou des « trucs » comme CATIA, vous risquez d’être estampillé comme ingénieur CAO au bout de 3-4 ans et il sera très difficile de sortir de cette fonction.
L’IPSA apporte une formation technique pluridisciplinaire intéressante mais je sais par expérience que les gens qui restent dans la technique sont, à un moment donné, ralentis dans leur progression : s’ils veulent passer de la technique au management, ils peuvent le faire sauf que le manager en France n’étant pas un patron, ils ne décideront pas de grand-chose au final. C’est moins excitant. Si une idée titille les futurs diplômés de l’IPSA, ils peuvent s’appuyer sur leur formation pour faire un truc sexy comme l’entrepreneuriat. À 23-25 ans, on peut se lancer, quitte à se planter une fois ou deux. C’est plus logique que de travailler 20 ans pour une société et de se dire « allez, maintenant, je lance ma propre structure ». Beaucoup de gens se disent qu’ils vont lancer une société un jour mais ne le font finalement jamais alors que, quand on a 25 ans, c’est l’âge où on est le plus fort, le plus confiant pour monter son entreprise.